USPHL au Canada : bousculer l’ordre établi | Radio-Canada (2024)

L’annonce de la création d’une nouvelle division de la United States Premier Hockey League (USPHL) au Québec et en Ontario, la semaine dernière, n’est pas bien accueillie par tout le monde dans les hautes sphères du hockey provincial.

Perçue comme un circuit pirate par les uns et comme une avenue supplémentaire pour les joueurs en quête d’une formation scolaire supérieure par les autres, la division canadienne de l'USPHL prévoit commencer ses opérations dès septembre.

La ligue s’amène avec six équipes, dont quatre en sol québécois, à LaPlaine, Gatineau, Montréal et Sherbrooke, ainsi que deux en Ontario, à Hawkesbury et à Kingston. Celles-ci comptent opérer sans la sanction officielle de Hockey Québec ni de la fédération ontarienne.

C’est sûr qu’on ne peut pas voir d’un bon œil le hockey non sanctionné, d’une part pour garder nos joueurs ici au Québec avec un réseau vertical allant du prénovice jusqu’au niveau universitaire, a d’abord indiqué Jocelyn Thibault, directeur général de Hockey Québec.

Dans le hockey sanctionné, il y a des règlements auxquels on doit se conformer et des exigences à atteindre. Autrement, il n’y en a pas. C’est donc un gros enjeu pour nous.

S’il respecte le choix qui s’offre aux joueurs de quitter le pays pour pratiquer leur sport et viser ensuite un diplôme dans un collège américain, Thibault estime qu’il ne lui revient pas, dans sa fonction à Hockey Québec, d’en faire une pépinière pour la NCAA.

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L’ancien gardien de but de la LNH rappelle du même souffle que les écoles sanctionnées par la fédération québécoise sont tenues d’œuvrer dans le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ).

C’est important pour nous que cette réglementation soit respectée. S’il y en a qui veulent sortir du réseau, tant les joueurs, les organisateurs que les administrateurs devront travailler avec la réalité qu’ils auront devant eux, ajoute-t-il, en rappelant que les matchs opposant des équipes sanctionnées à d'autres non sanctionnées sont interdits par Hockey Québec.

Jocelyn Thibault réagissait ainsi au fait que les Black Vees du Collège Saint-Jean-Vianney, l’une des quatre nouvelles équipes de l’USPHL, avaient déjà disputé des rencontres amicales contre des formations du circuit basées aux États-Unis.

Il y est aussi allé d’une solide mise en garde à l’endroit des dirigeants des équipes qui participent à de tels matchs.

J’invite les administrateurs de ces équipes à faire très attention. Si des incidents devaient se produire, il pourrait y avoir des problématiques de protection importantes, a-t-il soutenu en référence aux assurances accidents que procure une adhésion à Hockey Québec.

La vision du junior majeur

Du côté de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), la perception de cette intrusion des façons de faire américaines est vue selon trois pôles principaux.

Si le président Mario Cecchini n’y voit pas une menace directe aux activités de la LHJMQ, il soutient lui aussi que tout n’est pas au beau fixe.

Je n’ai jamais vu de match de l’USPHL, mais ceux qui en ont vu me parlent d’un circuit de niveau inférieur à notre juniorAAA. Ce n’est donc pas nécessairement une ligue de développement qui amène vers les plus hauts sommets.

L’USPHL apporte d’autres options aux joueurs de 16ou 17ans qui n’en manquent pourtant pas ici, ajoute Cecchini.

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Il insiste toutefois sur le caractère non fédéré de cette ligue.

Pour lui, le plus inquiétant demeure la possibilité que ce circuit géré au sud de la frontière puisse échapper aux amendements à la loi en matière de sécurité et de protection des jeunes sportifs, tels que proposés par la ministre des Sports du Québec, Isabelle Charest.

Quant à savoir si l’USPHL vient jouer dans les plates-bandes de la LHJMQ pour ce qui est du parcours scolaire, Cecchini n’y croit pas non plus.

Notre programme scolaire, on en est fier. On a des rencontres régulières à ce sujet avec nos dirigeants d’équipe. Je ne sens pas de menace de la part de cette ligue ni de la NCAA, qui est à un autre niveau et qui traite plutôt avec des joueurs de 19ou 20ans, l’équivalent de la fin de notre cycle.

Il ne voit aucun compromis acceptable qui permettrait à l’USPHL d’opérer au Québec sans une adhésion complète aux règles auxquelles sont soumises toutes les ligues de hockey.

Il n'est pas question pour lui que l’on se retrouve avec des situations semblables à celles que vit la Colombie-Britannique, avec la désaffiliation de la BCHL, et l'Alberta avec celle de l’AJHL, cette dernière prévue pour 2024-2025.

Pour la libre entreprise

Joint chez lui, en Floride, Bob Turow, commissaire de l’USPHL en poste depuis novembre 2020, réclame le droit de diriger la ligue comme on le ferait pour n’importe quelle autre entreprise qui choisit d’installer des franchises où bon lui semble.

Natif de Kitchener, en Ontario, Turow possède la double nationalité canado-américaine. Il a agi à titre de dépisteur pour le compte des Greyhounds de Sault-Sainte-Marie pendant 11ans.

De 1995à 2010, il a aussi créé et géré un tournoi sous le nom de Prospects auquel participaient des espoirs de l’Ontario, du Québec et des États-Unis. Cela avait pour but de susciter l’intérêt des circuits juniors majeurs.

Nous opérons déjà sans être affiliés à HockeyUSA. Ma position là-dessus est que j’adore les mots "liberté de choix" et "compétition". Nous fonctionnons sur la base selon laquelle les joueurs paient pour jouer, comme cela se fait par exemple dans le midgetAAA du Québec. Au bout du compte, les ligues qui offriront le meilleur rapport qualité-prix, qu’elles soient affiliées ou non à Hockey Canada, en sortiront gagnantes.

Pour lui, la possibilité d’accéder à une université américaine pour y chercher un diplôme de qualité est le principal atout qu’offre le circuit qu’il dirige.

Faisant remarquer que 387Canadiens, dont 103Québécois, font déjà partie de l’une ou l’autre de la centaine d'équipes que compte l’USPHL réparties dans trois catégories, le commissaire souligne que cette saison l’Universel du collège du même nom à Gatineau s'est joint à la division de la Nouvelle-Angleterre, au niveau Premier, lequel regroupe 60 formations.

C’est de là qu’est partie l’idée de mettre sur pied une division canadienne. Les discussions en ce sens ont commencé en novembre dernier, a-t-il indiqué, persuadé qu'il est de voir le calendrier se mettre en branle à l’automne.

Chacune des équipes disputera 44matchs. Une trentaine de ces rencontres seront jouées à l’intérieur de la nouvelle division, tandis que les autres nécessiteront de courts déplacements au sud de la frontière.

Quant à la pratique de certaines des formations de l’USPHL qui organisent des camps d’essai en exigeant des frais de 200$, voire de 300$ de la part des participants qui espèrent se tailler une place, elle n’est apparemment pas différente de ce qui se fait au Québec dans plusieurs circuits, à tous les niveaux.

Sans préciser, Bob Turow a laissé entendre que le prix d’une franchise de l'USPHL s’établissait en ce moment dans les cinq chiffres, soit sous les 100000$US. À titre comparatif, pour acquérir une équipe de la Ligue junior de l’Ontario (OHL), il faut débourser plus de 1million de dollars canadiens.

En réponse à ceux qui s’inquiètent de la sécurité des joueurs, Turow rappelle que ce qui n'est encore qu'un projet de loi au Québec est déjà appliqué de manière serrée chez les Américains par le biais de programmes comme Safe Sports ou My Sport, comme c’est le cas dans l'USPHL.

Turow a conclu en affirmant que Hockey Québec n’a aucun droit de regard sur le choix des parents d’envoyer leur enfant dans l’école et dans l’équipe de leur choix.

Une voie de plus

Ainsi, le Collège Saint-Jean-Vianney, situé dans l'arrondissem*nt de Rivière-des-Prairies, sera en première ligne de la nouvelle offre dans la palette du hockeyeur étudiant.

Claude Fortin, actuel directeur du programme de hockey du collège, portera un chapeau différent à la fin de la présente saison puisqu'il vient de se porter acquéreur de la franchise de l'USPHL de niveau Premier, les Black Vees, qui fonctionneront, dès la saison prochaine, indépendamment de cette école secondaire privée montréalaise.

Le Collège est relié à notre équipe pour le côté scolaire. Ils vont offrir le sport à tous les jeunes de cinquième secondaire et à ceux qui entameront le grade12, conditionnel aux études supérieures dans le reste du Canada et aux États-Unis. Mais ils ne seront pas impliqués dans la gestion de l’équipe Premier.

Cela signifie donc que tous les joueurs de 17 à 20 ans des Black Vees ne seront pas obligatoirement des étudiants inscrits au collège.

Fortin compare le niveau de jeu de l’USPHL à celui du juniorAAA. Il explique que ce circuit américain possède trois niveaux: l’Élite, plus bas niveau avec ses 28équipes, le Premier, où joueront les Black Vees et qui compte déjà une soixantaine d’équipes, et les 18clubs du niveau supérieur, la National Collegiate Development Conference (NCDC).

Selon lui, si les trois niveaux peuvent ouvrir la voie vers la NCAA, le Premier ouvre la porte à des équipes de divisionIII ainsi que dans l’American Collegiate Hockey Association (ACHA). Celle-ci comporte une centaine d’établissem*nts qui possèdent un programme de hockey.

Ce sont des niveaux très accessibles pour des jeunes d’un peu partout. Le but là-dedans, peu importe le niveau où vous jouerez, c'est que si ça vous donne une occasion d’aller chercher un bac, que ce soit la divisionIII de l’ACHA, ce sera ça.

Pour lui, ce qui compte, c’est de permettre à des jeunes qui auraient peut-être abandonné leurs études de s’accrocher et de se réaliser pleinement.

Dans sa cour

Sylvain Hallé a bâti son entreprise Hockey Students et sa réputation enviable en aidant de jeunes joueurs et joueuses du Québec à dénicher une équipe et un établissem*nt capables d’assurer leur développement tant sportif que scolaire.

C’est donc sans surprise que ce spécialiste entrevoit la venue de l’USPHL de manière positive.

C’est un débouché de plus pour les jeunes du Québec qui veulent poursuivre leurs études et éventuellement jouer dans la NCAA. Comme l'USPHL est un circuit non affilié à Hockey Québec, (les jeunes) peuvent revenir y jouer une fois qu’ils ont complété leurs passages dans un prep school. Mais ils ne seront que quelques-uns à jouer en division1 de la NCAA, a reconnu Hallé.

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En ce qui a trait à la qualité de l’encadrement offert par les nouvelles équipes canadiennes pour le hockey, il admet que cela représente, pour l'instant, une donnée inconnue.

Hallé ajoute que le fait de jouer dans une équipe de l'USPHL basée au Québec ou en Ontario représenterait une économie substantielle pour la famille d'un jeune joueur. Il peut en coûter entre 8000et 10000$ pour jouer dans une équipe de catégorie Elite ou Premier aux États-Unis, en plus des 4000$ qu’il faut débourser à titre de chambreur dans une famille d’accueil.

J’ai hâte de voir combien ça coûtera ici, au Québec. C’est sûr que ce ne sera pas gratuit, parce que c’est ce qui permet aux équipes de financer leurs opérations pendant la saison, a dit Hallé.

Un entre-deux

Pour ajouter à l’éventail d’opinions sur le sujet, un haut dirigeant d’une équipe de la LHJMQ qui a souhaité garder l’anonymat a dit comprendre l’attrait que peut représenter la venue du circuit junior américain.

La part du gâteau que cette ligue vise est intéressante pour les jeunes de 16à 20ans qui visent des études supérieures. Ils vont prendre une place que la Ligue juniorA du Québec aurait dû prendre depuis longtemps au lieu de se contenter de recourir à d’anciens joueurs du junior majeur, plutôt que de faire du développement, a-t-il souligné.

Il croit aussi que les équipes de cette nouvelle division canadienne mettront l’accent sur des joueurs de 19et 20ans, étant donné qu’à 17ans, les hockeyeurs d’ici jouent encore dans des formations midgetsAAA.

En bref, comme cela a été le cas lors de sa création aux États-Unis, l'USPHL se veut une étape intermédiaire entre la fin des études secondaires et l’accession aux rangs universitaires.

Pendant ce temps, l’Université de Trois-Rivières et celle d'Ottawa demeurent, à ce jour, les seules options pour les joueurs francophones souhaitant combiner études supérieures en français et hockey de haut niveau.

USPHL au Canada : bousculer l’ordre établi | Radio-Canada (2024)

FAQs

Combien y a-t-il d'équipes USPHL ? ›

La ligue est composée de 170 équipes . Les joueurs de l'USPHL sont âgés de 8 à 21 ans. Au total, l'USPHL a vu plus de 2 500 joueurs accéder au niveau universitaire et encore plus ont accédé à d'autres niveaux du jeu.

Pourquoi le hockey sur glace est important au Canada ? ›

Pour les Canadiens, le hockey représente le travail d'équipe, le sens des valeurs, le dévouement, la joie et la passion. En ce sens, je crois que tous les Canadiens doivent avoir la chance de pratiquer le sport du Canada.

Quel est le niveau de l'USPHL Premier ? ›

« Une division Premier canadienne donne véritablement un caractère international à l'USPHL et cela à lui seul met encore plus en lumière la plus grande et la meilleure ligue junior de niveau 3 en Amérique du Nord », a déclaré le commissaire de l'USPHL, Bob Turow.

Quel est le pays le plus fort au hockey ? ›

Les Tchèques, redevenus champions du monde, confortent leur première place historique, reprise en 2021 à la Suède qui l'avait brièvement occupée en 2018 et 2019.

Combien y a-t-il d'équipes NCDC ? ›

Le NCDC est composé de 21 équipes réparties en trois divisions : deux sur la côte Est et une dans les États des Rocheuses du Colorado, de l'Utah et de l'Idaho. Le NCDC a envoyé plus de 260 anciens élèves dans les rangs de la division I de la NCAA et plus de 1 000 au total dans le hockey universitaire de la NCAA.

Combien coûte l'USPHL ? ›

L'USHL est la seule ligue junior de niveau 1 aux États-Unis et les frais de scolarité sont gratuits. Toutes les ligues juniors de niveau 3, y compris l'USPHL Premier, sont payantes, avec des frais de scolarité allant d'environ 7 000 à 12 000 dollars par an , ce qui comprend tous les déplacements, certains repas, certains équipements et l'équipement de l'équipe.

Faut-il payer pour jouer dans l’USPHL ? ›

En plus du NCDC, il existe deux ligues payantes de niveau 3 sous l'égide de l'USPHL : l'USPHL Premier et l'USPHL Elite.

Que signifie USPHL ? ›

La United States Premier Hockey League (USPHL) est une ligue américaine de hockey sur glace.

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